Histoire d'un projet de recherche paramédicale : de la persévérance vient la reconnaisance

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Histoire d'un projet de recherche paramédicale : de la persévérance vient la reconnaisance

Odile Seloi a récemment obtenu la Bourse Recherche AFPPE/CNPMEM 2025 pour son travail intitulé GLIOREX. Nous l’avons rencontrée pour une description de ce projet de recherche et, plus généralement, sur le parcours d’une jeune chercheuse paramédicale vers la reconnaissance.

AFPPE : Qui êtes-vous Odile Seloi ?

Odile Seloi : Je suis MERM au Centre de Lutte Contre le Cancer (CCLC) Henri Becquerel de Rouen où j’exerce en imagerie conventionnelle, IRM, PETscan et mammographie. Je suis également membre de la Commission recherche paramédicale de mon établissement. Je suis, depuis longtemps, attiré par la recherche. Elle fait partie de mon projet professionnel car, dans le contexte actuel d’automatisation des modalités que nous utilisons, cela donne plus de sens à mon travail.

AFPPE : Vous venez d’obtenir la Bourse Recherche promue par l’AFPPE et le CNPMEM. Quel était la thématique majeure de votre travail ?

O.S. : GLIOREX est une étude qualitative qui explore l’expérience de l’IRM chez les patients atteints de glioblastome. Ces patients traversent une pathologie grave, complexe, souvent avec des troubles cognitifs associés. Mon objectif est double : comprendre ce qu’ils vivent dans l’IRM mais aussi, comment leurs troubles cognitifs modifient cette perception, et surtout, dans quelle mesure nos propres actions de soignants participent, ou non, à un vécu positif de l’examen. Il ne s’agit pas seulement d’écouter pour savoir, mais d’écouter pour mieux agir.

Mon expérience en neuro-oncologie m’a conduite à développer des compétences relationnelles avancées avec ce type de patients, ce qui m’a rendue, je crois, plus sensible et plus éclairée par rapport à leur ressenti.

AFPPE : En quoi ces patients sont-ils plus anxieux que les autres vis-à-vis de la modalité IRM ?

O.S. : Nous parlons ici de personnes touchées par une pathologie neuro-oncologique. Elles sont souvent diminuées sur le plan cognitif et d’une hypersensibilité accrue. A cela s’ajoute le choc de la consultation d’annonce, la confrontation à un univers très technologique, malgré la bienveillance des soignants.

L’IRM intervient à plusieurs moments clés du parcours : pour le diagnostic initial, la planification de la radiothérapie, et le suivi de l’efficacité du traitement. Si les patients ne sont pas en mesure de bien vivre ces étapes en raison de leur état ou de notre façon de les accompagner, cela peut compromettre leur traitement et, in fine leur survie.

AFPPE : Quel a été votre questionnement de départ dans l’élaboration de votre projet de recherche ?

O.S. : Mon intention était de savoir comment les patients atteints de glioblastome vivaient la phase d’exploration par IRM au cours de leur traitement. Je cherchais donc à évaluer l’anxiété des patients à partir d’un questionnaire que devaient utiliser les MEM après chaque examen. Mais je me suis vite rendu compte que mon approche n’était pas adaptée. Les chiffres ne disent pas tout. Ils mesurent, mais ils ne racontent pas. Je me suis donc tournée vers la recherche qualitative. Un Diplôme Universitaire à Montpellier m’a permis d’acquérir les outils méthodologiques nécessaires pour légitimer une posture d’écoute et de compréhension en profondeur.

AFPPE : Comment avez-vous structuré votre questionnaire à partir de cette nouvelle méthodologie ?

O.S. : J’ai élaboré un guide d’entretien semi-directif, structuré autour de quatre grandes thématiques : les représentations de l’IRM, le vécu émotionnel, les repères sensoriels et la perception de la relation soignant-soigné. Cela me permettra d’explorer des variations, parfois des ruptures dans les parcours, mais aussi d’identifier les leviers d’amélioration de nos pratiques.

AFPPE : Votre projet va donc recevoir un premier financement. Comment va-t-il évoluer désormais ?

O.S. : Nous allons former quatre MERM à la conduite d’entretiens et à l’analyse qualitative, dans une logique de recherche collective. L’analyse des données sera croisée avec l’Infirmière de Pratique Avancée responsable du parcours de soins des patients atteints de tumeurs cérébrales du centre, un oncologue et un psychologue, selon une double lecture : transversale, en fonction des capacités cognitives des patients, et longitudinale, tout au long de leur parcours de soins.

Les réponses des patients ne suffisent pas à elles seules à répondre à la question de recherche. C’est à travers une analyse thématique de leurs propos que nous ferons émerger des thèmes récurrents, puis des catégories. Ces catégories reflèteront les aspects essentiels du vécu des patients. Elles structureront la présentation des résultats en lien avec les différentes étapes de leur parcours en IRM, et permettront de mieux comprendre comment nos pratiques peuvent influencer leur expérience et comment les troubles cognitifs affectent le vécu de l’expérience de l’IRM.

AFPPE : Votre démarche est assez originale pour un travail de recherche paramédicale. Nous n’entendons pas souvent parler de recherche qualitative dans ce contexte.

O.S. : Effectivement, la recherche qualitative a du mal à se développer en France. J’ai d’ailleurs rencontré peu d’encouragements à persévérer dans cette voie. Mais l’important est de croire en son projet et de s’appuyer sur une base théorique solide mais aussi expérientielle. Ce que nous vivons chaque jour avec les patients a une valeur immense. En tant que soignants, nous sommes aux premières loges : nous observons, nous ressentons, nous accompagnons. Ce que nous voyons, ce que nous entendons, ce que nous faisons peut et doit devenir matière à recherche. Il faut oser franchir le pas. Oser transformer notre vécu professionnel en objet de réflexion. Oser poser des questions, même si le chemin n’est pas balisé. C’est une démarche personnelle, parfois solitaire, mais qui sert la communauté.

Au départ, seule ma cadre m’a aidé dans mon projet. Mais avec persévérance, j’ai pu obtenir des financements, d’abord de l’Association des Neuro-Oncologues de France (ANOCEF), puis de mon établissement, tout de même.

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