Le congrès de la Société Française de Neuroradiologie (SFNR) attire chaque année quelques MEM étrangers venus se former à cette discipline. Nous y avons rencontré Nathalie et Virginie, deux manipulatrices suisses, qui nous ont fait part de leur déception de voir leurs compétences peu reconnues par leurs institutions.
Nathalie et Virginie exercent en tant que MEM au Centre Hospitalier Universitaire de Fribourg (Suisse), en radiodiagnostic de projection et en imagerie en coupe. L’une et l’autre ont acquis une certaine expérience dans leur parcours, notamment en interventionnel pour l‘une d’entre elles. Pourtant, elles rencontrent ces temps-ci des problèmes quant à la reconnaissance de leur rôle dans le système de Santé. « Notre action est évaluée à intervalles réguliers par les tutelles de Suisse francophone qui nous attribuent des points, explique Nathalie. Or, la dernière évaluation s’est mal passée puisque nous avons perdu des points alors que nos compétences ont augmenté. »
Il faut dire que la commission d’évaluation est composée, dans ce contexte, de personnes pouvant être totalement étrangères au domaine de la Santé, puisque s’y trouvaient un boulanger, un enseignant, etc. Ils se déplacent dans les hôpitaux pour observer les pratiques, mais sur quels critères construisent-ils leur évaluation ? Nos deux compères n’en savent rien. Elles ont été pénalisées pour des insuffisances de communication envers les patients ainsi que sur la formation des stagiaires.
Pour protester contre la perte de leurs points, les MEM du CHU de Fribourg ont décidé de faire grève. « Il s’agit, en Suisse, d’un long processus réglementaire pour organiser une grève, ajoute Virginie. Il faut passer devant un juge qui nous confronte avec les personnes qui nous ont évalué. Un syndicat nous aide dans ce processus. Une fois la grève décidée, en accord avec l’hôpital, nous devons, cinq jours à l’avance, contacter tous les patients pour annuler les rendez-vous, ainsi que les prescripteurs. » Sept personnes sont restées dans le service pour assurer la continuité de la prise en charge. La grève a débuté début février et a duré six jours, au cours desquels un groupe de sept MEM ont assuré la continuité des soins.
Les MEM de du CHU de Fribourg voudraient évoluer désormais vers un statut de Thérapeute de spécialité pour valider leurs nouvelles compétences. Un groupe de travail planche sur le sujet, en collaboration avec la direction. Si le résultat des négociations est négatif, une autre grève pourrait âtre organisée prochainement...